Du syndrôme de Stockholm

Publié le par Angelyz

     Le couple et leur enfant étaient en train de s'enlever le sable de la plage après une mini baignade. Une petite animation régnait devant cette plage. Des gens en vélo qui ont encore le courage de pédaler à cette heure incongrue. D'autres qui prolongent encore leur journée, alanguis sur leur serviette. D'autres encore qui font leur jogging du soir. Il est vingt heures, il fait encore très bon et le soleil est toujours là.

     Notre couple voit de loin une jeune femme qui marche d'un pas décidé. Elle est accompagnée par une superbe chienne. Elle les hèle : "Monsieur, s'il vous plaît, un téléphone !". La femme du couple glisse alors à son compagnon : "Vaut mieux pas, on sait jamais !". Et notre compagnon de lui dire : "Désolé ! Nous n'en avons pas !".
     Ils la regardent s'en aller. Soudain, ils remarquent un homme qui marche d'un pas aussi décidé et qui vient vers eux. Il ne les regarde même pas, les dépasse et fonce dans la direction de la jeune femme, jeune femme qu'il rattrape rapidement. Des cris s'échappent de la gorge de celle-ci, des bousculades se déroulent devant leurs yeux. Ni une ni deux, la jeune femme du couple appelle le 17 pendant que le jeune homme, armé d'une grosse aiguille en fer et suivie par son chien se dirige vers cet autre couple.
     Le 17 répond. La jeune femme explique la situation en demandant que quelqu'un vienne très vite car elle a peur que quelque chose d'irréparable ne se passe. Le policier lui rétorque alors qu'ils sont débordés et qu'il ne connaît même pas son nom. Alors la jeune femme s'énerve, lui donne quand même son nom et riposte "Vous avez le numéro du portable qui s'affiche alors qu'est ce que ça peut vous faire d'avoir mon nom ?!" et lui de lui répliquer qu'"il ne peut pas lui promettre d'envoyer une patrouille dans le quart d'heure qui suit".
     Pendant ce temps là, le compagnon de cette jeune femme est auprès du couple, l'autre homme enserre fortement la jeune femme dans ses bras pour l'empêcher de partir. La jeune femme pleure et lui demande de la laisser aller. L'autre jeune femme les rejoint après avoir mis l'enfant dans la voiture, en sécurité, juste au cas où. Elle essaie alors d'enclencher le dialogue mais à priori, l'homme parait dans son monde. Puis celui-ci se décide enfin à lâcher son amie et s'en va, en pleurant et en gesticulant, en direction de la plage.
     La jeune femme se tourne alors vers le couple et ils peuvent voir son visage tuméfié, des traces sur le menton et aux mains. Elle leur raconte que son compagnon l'a battue, qu'il l'a mordue, que ce n'est pas la première fois, qu'il a déjà fait de la prison pour ça, qu'elle est avec lui depuis sept ans et qu'elle a vingt quatre ans. Vingt quatre ans... Elle en parait au moins trente cinq. Elle continuer à se soulager en leur dévidant ce qu'elle a sur la conscience : elle est fâchée avec sa famille depuis quelques années à cause de lui. L'autre jeune femme lui explique doucement :"Ce n'est pas à cause de lui mais à cause de votre choix". Elle tente de lui ouvrir les yeux. Une lueur s'allume alors dans les yeux bridés de cette jeune fille perdue...
     Les policiers arrivent enfin et la pauvre jeune femme leur crie "Il s'échappe par la plage, il est là-bas ! Vite !! C'est contre lui que je veux porter plainte !" Les policiers s'élancent donc à sa poursuite et elle explique à l'autre jeune femme que son compagnon vient, juste à l'instant, de laisser tomber son couteau... Tout ce monde disparait derrière la dune...L'homme dans son monde doit être maintenant menotté mais personne ne voit toujours rien.

     Les policiers reviennent avec cet homme, un appelle les pompiers et l'autre la gendarmerie. D'un coup, c'est le débarquement. Policiers, pompiers et gendarmes sont là. Les policiers expliquent ce qu'ils ont compris. Les gendarmes essaient de débrouiller cet imbroglio, entre un homme menotté, à terre, qui s'est lâché dans son pantalon, qui vocifère et une jeune femme, éperdue et qui décide de ne plus porter plainte. Les pompiers essaient de faire venir cette femme avec eux pour lui faire passer des radios, mais celle-ci refuse sous le faux prétexte de la présence de sa chienne. En effet, les pompiers n'ont pas le droit d'emmener quelqu'un qui a un chien avec lui. C'est la raison pour laquelle notre couple s'était proposé pour les lui garder le temps de la consultation. Mais en vain.

     Les gendarmes finissent par embarquer l'homme et s'en vont pour l'interroger à la brigade. La jeune fille battue s'en va sans mot dire, suivie par sa chienne. Les policiers décident alors de la suivre et de fouiller leur voiture. Les pompiers repartent mais sans personne dans leur camion. Notre couple et leur enfant reprennent leur voiture et leur vie.
    En espérant ne pas être trop marqués par ce qu'ils ont vu, par ce dont ils ont pris conscience, à savoir que certaines femmes, voire même beaucoup, continuent à rester avec leur homme malgré les coups. Mais c'est trop tard... Certaines images resteront gravées dans leur mémoire.... Pourvu que l'innocence de leur enfant soit préservée à défaut de celle de cette jeune fille, croisée sur cette plage...

Publié dans Chroniques d'un jour

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L
Je découvre ton blog très bien fait par ailleurs ! Je te mets un com sur cet article, car justement je suis salarié dans une association qui accueille en urgence les femmes battues notamment mais aussi des jeune filles en difficultés dans des centres d\\\'hébergement...le problème comme toujours est le financement de ces actions....l\\\'état diminuant d\\\'année en année ses subventions...<br /> Amicalement<br />  
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A
je pense qu'il y a aussi d'autres soucys.. car comme toutes personnes touchées par ce syndrôme, il ne doit pas y avoir énormément de plaintes contre les conjoints and co ! mais c'est quand même une honte que, de nos jours, ça existe encore mais les mentalités sont dures à changer et les rouages du cerveau et du coeur me paraissent bien incompréhensiblesbizou
A
mon dieu quel histoire vrai terrible je n'aurais pas voulu etre a la place de se gentil couple avec leur enfant qui a assisté a cela c'est terrible j'en serais malade et que faire a part téléphoner comme cela a été fait <br /> en espèrant que ces image et se vecu pourra vite s'evanouir a jamais mais je doute<br />  bisous
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A
le couple et l'enfant.. c'était nous.. perso, j'ai encore les images devant les yeux.. j'ai un sentiment de mal être tout au long de la journée.. pour mamouret et petit coeur, à priori, ça leur "est passé"bizou